Le transport maritime en Afrique : Des intégrations régionales au développement continental
Posted on 2 February 2021 by Admin
L’Afrique est un continent fort par sa population qui représente 16.4% de la population mondiale et ses 30 % des réserves mondiales en minerais. Elle est généreusement pourvue de richesses naturelles précieuses qui font que 80% des exportations sont des matières premières agricoles, pétrolières et minérales. En sus, sa position géographique centrale sur la carte des routes maritimes explique la forte proportion de ses échanges qui se font par voie maritime (95% en 2016)
Cependant, l’Afrique représente moins de 5 % du commerce maritime mondial et 2 % du trafic conteneurisé de la planète. En ne s’appropriant pas les domaines du transport maritime et de la logistique, les pays africains, selon les différents rapports internationaux, sont mal notés dans les domaines d’équipement portuaire, de compétitivité logistique, de connectivité maritime, des couts du transport maritime, de la gestion portuaire, de facilité de faire des affaires, de la gouvernance portuaire et bien d’autres….etc.
Cette situation est due, entre autres, à la faible intégration régionale, à la bonne gouvernance qui fait défaut aux pays africains, et outre le manque d’infrastructure moderne, ces pays ne maitrisent pas la chaine logistique du transport maritime. Tous ces freins entravent le développement du transport maritime en Afrique et ne favorisent pas le développement des échanges commerciaux entre les pays africains et le reste du monde. Autant d’indicateurs qui considèrent l’Afrique comme étant le continent le plus riche au monde en termes de ressources naturelles, mais aussi paradoxalement, comme étant le plus pauvre en termes de développement économique et social. De ce fait, Est-ce que les composantes du transport maritime ont contribué au sousdéveloppement du continent africain ? Ou au contraire, peuvent-elles aider à son développement ?
En fait, les africains, pour diverses raisons, n’ont pas pu développer les métiers de la mer et ce jusqu’à présent. Face à cette réalité, les ports et le transport maritime international africains sont de plus en plus contrôlés par les chargeurs et armateurs globaux internationaux et les grandes compagnies de transport maritime étrangères à l’Afrique contrôlent presque la totalité de la chaine du transport maritime africain. Ce contrôle des routes maritimes dont la concentration pour la plupart est sur quelques itinéraires très précis ainsi que la maitrise de toute la chaine logistique afférente suscite des tensions et ravive une compétition féroce entre les ports africains, mettant parfois en concurrence frontale des pays limitrophes. Ce constat explique en grande partie le sous-développement du continent.
En dépit de cette situation, force est de constater que depuis le début du XXIème siècle, les ports africains connaissent un réel dynamisme, représenté par la hausse de la conteneurisation des échanges, l’évolution des infrastructures et la multiplication des projets d’envergures…etc. En fait, entre 2007 et 2017, pas moins de 50 milliards de dollars auront été investis dans le secteur portuaire africain consacrant l’intérêt et la convoitise que suscitent l’Afrique par les puissances du Nord et encore davantage par les pays émergents ; avec une croissance annuelle de 7 % des trafics maritimes et des volumes d’échanges multipliés par quatre.
En définitif, le continent africain peut ainsi être qualifié de « marge extravertie » de la mondialisation. Pourtant, largement tourné vers l'extérieur, il participe encore très peu aux flux internationaux et reste globalement soumis et dépendant.
Ainsi, pour s’intégrer équitablement dans l’économie mondiale et améliorer le bien être des populations africaines, il faut s’intéresser et avec acuité aux ports africains et les maillons du transport maritime capables de jouer un rôle primordial dans le développement du commerce international et du développement économique et social des pays africains. Constituant les premiers points d’entrée et de sortie des marchandises, ces ports entant que vecteur de transport maritime ; vont consacrer l’importance de ce dernier comme l’un des piliers les plus importants de la globalisation actuelle et de la chaine de valeur mondiale.
En outre, pour que le secteur du transport maritime joue pleinement son rôle de développeur, il faut revoir la façon dont est organisé le secteur maritime africain, du fait qu’il a un impact considérable sur le volume des échanges et sur les couts de transport ; ce dernier étant un facteur important de la compétitivité d’un pays et de ses entreprises. De surcroit, le secteur du commerce et du transport maritime est sans cesse soumis à des changements réglementaires, imposant aux cadres portuaires de comprendre et de maitriser la complexité croissante de la gestion portuaire.
Ainsi et pour pallier à ces insuffisances, les pays africains s’engagent dans de nombreuses reformes en vue de créer un marché intérieur et international ouvert, concurrentiel et attractif pour les investisseurs, dans un but de faciliter les échanges et ce ; en réduisant les coûts, les délais et les procédures dans les transactions commerciales entre les pays africains et le reste du monde.
Aussi, ces pays africains essayent de favoriser la libre circulation des personnes et des marchandises et harmoniser les droits de douane et taxes d’effet équivalent aux frontières de leurs pays afin de fournir une plateforme appropriée pour construire la Politique Commerciale africaine commune.